La cassette Audio

La cassette audio ou minicassette ou encore musicassette (désignation officielle : Compact Cassette) — couramment abrégé, en français, par l’allographe K7 —, est un médium introduit en 1963 par Philips après plusieurs années de recherche et de développement. Elle contient deux bobines où est enroulée une bande magnétique. Elle permet d’enregistrer et d’écouter de la musique ou tout autre type de son. Elle s’utilise avec un magnétophone spécialement conçu appelé magnétocassette, magnétophone à cassette ou, par métonymie, simplement cassette. Cet élément peut être intégré dans un appareil plus complexe comme un radiocassette, un combiné autoradio, une chaîne haute fidélité, etc.

Principe

Quatre canaux (pistes) sont écrits en parallèle sur la bande. Deux sont enregistrés lorsque la bande se trouve sur un côté dans l’enregistreur et deux autres lorsqu’elle est retournée. Certains lecteurs de cassette peuvent lire successivement les deux côtés de la cassette sans nécessiter que l’utilisateur retourne la cassette manuellement. Généralement, cela est possible grâce à une tête de lecture double et par l’inversion du sens de défilement de la bande, on les appelle auto-reverse, mais certains lecteurs retournent réellement la cassette.

Elle connaît un très grand succès et fut la norme d’enregistrement audio domestique jusqu’à l’apparition des disques compacts enregistrables. La cassette supplante le format américain cartouche à 4 ou 8 pistes qui commence à se développer en Amérique du Nord, tant dans les chaînes HiFi que les autoradios.

Les enregistrements commerciaux jusqu’à 1983 et l’apparition du disque compact audio, ont été diffusés sous forme de disques microsillon et de cassettes dites musicassettes1. La musicassette a perduré bien au-delà de l’apparition du CD, en particulier aux États-Unis. À partir de 1983 les ventes de musicassettes ont largement dépassé celles des disques vinyles2 car la cassette conservait des domaines d’utilisation privilégiés avec les appareils portables et l’autoradio. La cassette fut aussi à la base du succès mondial du Walkman (baladeur), le lecteur de cassette ultra-portable commercialisé en 1979 par SONY.

Déjà en perte de vitesse depuis la commercialisation du CD audio, la grande popularité des baladeurs numériques depuis le début des années 2000, fait perdre à la cassette audio un des derniers marchés où elle conservait un avantage sur le CD : les appareils portatifs soumis à des chocs ou vibrations (sport tel que le jogging par exemple).

Vers le milieu des années 2000, à l’instar des VHS, on ne retrouve plus en vente que des cassettes audio vierges, entre autres pour les personnes ayant encore dans leur voiture des auto-radios avec lecteur de cassettes et également pour enregistrer des extraits radio, cela étant impossible avec un CD ou sans ordinateur (pour les podcast). Il reste aussi, tout comme pour le disque vinyle, des passionnés audiophiles utilisant encore ce support du fait qu’il est analogique. Des appareils haut de gamme sont capables de délivrer une restitution sonore d’excellente qualité.

Fin 2010, reviennent à nouveau en vente des lecteurs de cassettes sur matériel audio grand public (exemple : postes radio CD MP3 cassettes portables, nouvelles platines K7…).

Fait surprenant, de plus en plus de gens utilisent de nouveau ce support afin d’y enregistrer leurs albums, comme cela se faisait dans les années 1970 et 80. Il s’agit toutefois d’un phénomène très marginal.

Bien que le CD ait supplanté la cassette audio, on peut encore en trouver des exemplaires vierges à un coût très raisonnable dans beaucoup d’enseignes. Début 2013, certains artistes comme les groupes Archive et Daft Punk souhaitent ressortir leurs albums dans ce format. Le groupe français Daft Punk a édité son dernier album Random Access Memories en cassette mais seulement pour la promotion de l’album.

De plus, pour de nombreux artistes qui sortirent des albums originaux avant 1992, souvent, les albums ne se trouvent que sous format LP 33 tours ou 45 tours, ou cassettes, car les albums ne sont pas sortis en formats CD, ce qui est le cas d’un grand nombre d’albums originaux d’artistes, des années 1960 aux années 1990.

En 2016, la National Audio Company est la seule entreprise a encore produire des cassettes audio vierges.

Types de cassettes

Afin d’améliorer les performances, les fabricants ont utilisé diverses formules pour la bande magnétique contenue dans les cassettes. Avec toutefois l’inconvénient de devoir utiliser un magnétocassette adapté à ces nouvelles cassettes. Un véritable bond dans les performances s’est effectué, au début des années 1970, avec la cassette au dioxyde de chrome (CrO2) : ces nouvelles cassettes exigeant un appareil pourvu d’une position spéciale « Chrome » pour les utiliser. Les choses se sont compliquées avec l’apparition de cassettes double couche (oxyde de fer + dioxyde de chrome), dites « ferrichrome », puis au début des années 1980 avec l’introduction de la cassette métal. Pour remédier à une évidente complexité d’utilisation, une normalisation IEC a été adoptée : chaque modèle de cassette devait se classer dans un des quatre types existants.

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Cassettes types IEC I, II, et IV Auteur: JPRoche
  • Type I : cassettes dites « normales » 30 Hz à 15 kHz.
  • Type II : cassettes dites « chrome » 30 Hz à 16 kHz.
  • Type III : cassettes dites « ferrichrome » 30 Hz à 16 kHz.
  • Type IV : cassettes dites « métal » 30 Hz à 18 kHz.

Les magnétocassettes ont d’abord été équipés de quatre touches correspondant aux quatre types de cassette puis un codage mécanique par encoches au dos de la cassette a été adopté : les appareils disposant de ce système adoptaient automatiquement les réglages adaptés à la cassette introduite dans leur mécanisme.

Dans la pratique, les cassettes type I et II ont constitué l’essentiel du marché. En effet, les cassettes de type III n’ont pas rencontré beaucoup de succès et peu de marques en ont commercialisé. Les cassettes les plus performantes, type IV, étaient onéreuses et trouvaient surtout un intérêt pour la prise de son7.

Longueurs et durées

La cassette a été disponible en une grande variété de longueurs de bande et donc de durée d’enregistrement ou de lecture. Cette durée en minutes (à la vitesse standard de 4,75 cm/s) sert à désigner la cassette pour les modèles vierges. Les durées les plus courantes étaient les C60 (60 min) et les C90 (90 min) mais d’autres durées ont été disponibles : les C46 et les C120 puis diverses durées soit très courtes pour les utilisations informatiques ou publicitaires soit intermédiaires comme les C80 ou C100. Le but était souvent de s’adapter à la durée des albums (vinyles ou CD) afin de pouvoir en enregistrer un par face. Les cassettes C120 (deux heures) utilisaient une bande magnétique très fine et ont eu mauvaise réputation : elles exigeaient une mécanique au fonctionnement parfait (donc généralement onéreuse) sinon elles se froissaient et devenaient inutilisables. La marque TDK a commercialisé des cassettes de 180 minutes (deux fois 90 min), des D180 extrêmement fragiles. Les cassettes utilisées pour l’édition musicale (musicassettes) étaient naturellement de longueur variable, en fonction des enregistrements qu’elles contenaient.

Vitesses de défilement

La vitesse de défilement standard de la bande magnétique est de 4,7625 cm/s, limitant ainsi la qualité sonore, surtout dans les hautes fréquences. Pour réduire le souffle et augmenter la dynamique audio, beaucoup d’enregistreurs à cassette sont équipés d’un système de réduction de bruit de fond, en général du type Dolby NR B ou C.

Il a toutefois existé de petits magnétophones 4 voire 8 pistes utilisant la minicassette pour réaliser des maquettes, dans lesquels la bande défilait deux fois plus vite, à 9,5 cm/s (pour améliorer la dynamique et la bande passante). Le plus célèbre, utilisé dans les années 1970 à 1990 par les groupes à petit budget était le Portastudio de TascamTEAC. Des platines cassette haute fidélité utilisant cette même vitesse ont aussi été mises, assez brièvement, sur le marché.

Cette vitesse de défilement doublée, en plus de n’être compatible qu’avec un nombre très restreint d’appareils, réduisait aussi par deux la durée de la cassette, par exemple à un maximum de 22 min 30 pour une cassette de 2×45 minutes. Ces appareils utilisant toute la largeur de la bande afin de répartir les 4 pistes (ou 6, ou 8 selon les modèles), la cassette ne pouvait en effet être utilisée que sur une seule « face ».

Il a également existé des magnétocassettes disposant d’une vitesse de défilement réduite de moitié (2,38 cm/s) permettant une très longue durée d’enregistrement ou de lecture. Comme pour les modèles à 9,5 cm/s, l’absence de compatibilité avec la plupart des appareils existants a amené leur disparition rapide.

Autres utilisations

Elle a été utilisée comme moyen de stockage informatique sur les premiers ordinateurs personnels. L’enregistrement se faisait de manière analogique (les signaux numériques étaient transformés en modulation sonore) et la restitution était peu fiable. Aucune correction d’erreur n’était possible et le volume de données enregistrées très réduit. Ce support a vite été abandonné au profit de la disquette lorsque les prix sont devenus plus abordables pour le grand public. Le dernier ordinateur utilisant les cassettes fut le CPC 464+ d’Amstraden 1990.

Un lecteur de cassette peut aussi servir d’adaptateur pour connecter d’autres sources sonores. En effet, il existe des câbles munis d’une fausse cassette audio à l’extrémité et une prise jack à l’autre afin de pouvoir passer les sons de son lecteur MP3 via le lecteur cassette à l’aide de sa tête de lecture captant les informations converties.

Autres formats dérivés de la cassette

Dans le but d’améliorer la qualité sonore (dynamique et bande passante) et de conserver une durée d’écoute suffisante, Sony a développé le format Elcaset. Commercialisé en 1976, c’était une cassette de grande taille où la bande tournait à 9,5 cm/s. Sony espérait ainsi combiner la qualité des enregistreurs à bande utilisant des bobines encombrantes, et un format de taille réduite (quoique plus grand que la cassette standard) facilement manipulable (sans la difficulté de monter une bobine et de faire passer manuellement la bande près des têtes).

Malgré sa qualité supérieure, le format Elcaset fut un échec commercial total. Le prix supérieur des enregistreurs et des Elcasets que peu de fabricants commercialisaient et la taille trop encombrante pour le grand public ont fait que seuls quelques audiophiles s’en sont équipés. Le fait que le format Elcaset soit trop grand pour les appareils portables et les autoradios a aussi joué en sa défaveur. De plus, la qualité de la cassette audio standard avait progressé avec l’adoption des bandes au dioxyde de chrome et les réducteurs de bruit de fond, et était devenue suffisante pour beaucoup de personnes.

Le système Elcaset a été abandonné en 1980 et les derniers équipements vendus en Finlande.

A photograph of a compact audio cassette and a microcassette.

En sens inverse, Philips a commercialisé en 1967 la mini-cassette pour les appareils de dictée. De conception très simple, le lecteur-enregistreur ne pouvait pas assurer un défilement régulier de la bande, la vitesse fluctuant à environ 2,4 cm/s.

Olympus a sorti le format microcassette en 1969, développée également pour les « appareils de dictée » et connu sous le nom de « format Dictaphone ». Les microcassettes ont une qualité sonore trop médiocre pour l’enregistrement musical, mais suffisante pour la voix. Les microcassettes ont également été utilisées pour les répondeurs téléphoniques jusqu’à l’avènement de l’enregistrement numérique sur puces mémoire et ensuite sur serveurs distants (messageries), comme pour les téléphones mobiles.

La société Dictaphone a développé avec JVC en 1985 un format encore plus réduit : la picocassette spécialement conçue pour des systèmes de dictée extrêmement compacts. La bande a 2 mm de largeur et défile à 0,9 cm/s. La picocassette ne faisait que 3 grammes et pouvait contenir 60 minutes de parole. Ce système était très cher : entre 395 $ et 550 $ pour l’appareil, et 20 $ pour un ensemble de trois picocassettes.

De ces trois formats spécialement conçus pour l’enregistrement de la voix, le format microcassette d’Olympus est celui qui a eu le plus de succès et reste courant actuellement malgré l’avancée du numérique.

En 1992, Philips, avec Matsushita, a essayé de reproduire le succès commercial de la cassette en sortant la cassette compacte digitale ou DCC. Cette cassette digitale était du même format que l’ancienne musicassette, les appareils DCC étant capables de lire les cassettes analogiques. Leur qualité de son s’avérait assez moyenne du fait d’un mode de compression dénommé PASC, basé sur le MPEG1 qui était déjà bien dépassé par l’ATRAC, compression utilisée pour le MINIDISC de SONY, qui lui, a rencontré un bon succès du fait de sa qualité et de son format réduit, très pratique à utiliser. Le DCC n’a pas eu de succès commercial, le grand public s’orientant de plus en plus vers les disques compacts enregistrables (CD-R et CD-RW), MINIDISC et les professionnels étant déjà majoritairement équipés de lecteurs-enregistreurs DAT.

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Source : Article Cassette_audio de Wikipédia en français : https://fr.wikipedia.org/wiki/Cassette_audio